Bon, je ne vais pas vous conter des bobards en titrant « Aubergines à la bonifacienne », je m’en suis tout juste inspiré. « A la bonifacienne » c’est presque une appellation contrôlée, tout un art et une friture, je crois.
Chez moi, c’était fête ordinaire aujourd’hui. Je veux dire que je fête chaque jour qui passe, à ma façon comme il se doit. Chaque jour est un bonheur qui trace. Qui n’a pas compris cela, n’a rien compris à la vie.
Tiens ! J’ai eu la visite de Bernard tôt ce matin, car j’avais eu une pensée pour Marianne. Je tenais à ce qu’elle goûte mes pommes de terre nouvelles. Marianne notre dame de la Navaggia qui a tout suivi de notre enfance avec un regard bienveillant et le plaisir de la vie ancienne. Ancienne ? C’est vite dit ! La vie simple et de partage comme elle devrait se perpétuer…
C’était donc fête minimale, je regardais ces aubergines en pleine santé apparente, arrivées d’un supermarché comme des bodybuilders fraîchement sortis d’une salle de gonflette. Bon ! Que voulez-vous, aujourd’hui c’est ainsi. Belle allure ! Mais bon goût ? On verra plus tard.
J’ai donc enclenché pour midi le processus bonifacien à ma façon. Fendues en deux dans le sens longitudinal, elles ont bloublouté à petit feu une bonne vingtaine de minutes. J’ai retiré les tripes fondantes et préparé en mon mortier une mixture composée de beaucoup d’ail, de basilic et de pain rassis. J’ai joué du pilon longuement jusqu’à tout réduire en marmelade. J’ai salé, poivré puis rassemblé le « pisté »* dans une jatte pour un mélange avec les tripes égouttées. J’ai incorporé un œuf pour lier le tout puis j’ai farci les « étuis » d’aubergines de cette composition en arrosant d’huile d’olive avant d’enfourner à four chaud pour… un temps à vue de nez. Je n’aime pas trop le temps imposé, je surveille, je pianote sur les températures, bref, j’accompagne toujours ce que je mets en cuisson.
Et bien vous savez ! C’était très bon. Je me souviendrai de cette « imbulicata »*. Les aubergines du jardin annoncent à peine floraison. Au cœur de l’été, je sais que je ferai plaisir à tout passant qui passe par ici. Je me souviens de deux jeunes gens qui étaient venus nous saluer parce qu’ils avaient connu notre fils, l’invitation se fit sur le champ et nous passâmes une soirée mémorable. Qui s’aventure jusqu’à la Zinella a de fortes chances de repartir avec des rêves plein la tête pour le restant de ses jours.
Ici, On écoute le chant des grenouilles et des grillons à la nuit tombée. On vit et on célèbre la vie, tout le reste n’est que « problémage » et perte de temps en appuyant sur son accélérateur. Je freine comme un malade, le temps est fou, il file trop vite.
Le pisté= pistà signifie écraser avec un pilon dans le cas qui nous intéresse. Mot francisé.
Imbulicata= Embrouille ou plutôt mélange hasardeux, sans se soucier de savoir si cela convient.
Problémage= Vous l’avez deviné c’est l’art de se créer des problèmes, de se compliquer la vie alors qu’elle ne demande qu’à être vécue simplement. Au fond, elle ne demande rien… On croit des choses…
Coucou Simon, je vous retrouve par là!
Quel bon vent de Corse, on s’y sent bien!
Recettes, historiettes de la vie, ça y est on prend le sac à dos et on arrive chez vous!
Chauffez la soupe! Comment on dit en corse????
Salutations
Mélisande
« Reflets du Temps »
Bonjour Mélisande.
Sympathique visite. Je sers surtout la soupe au pistou froide, l’été. Dans mon village on dit « a suppa » mais cela peut varier d’un coin à l’autre. C’est toujours un plaisir de recevoir des mots gentils.
Merci pour ce passage ici.
Bonne journée Mélisande.