Soif de pouvoir.

Accéder à la plus haute marche élective du pays, n’est pas donné à tout le monde. Il faut y penser souvent, surtout le matin en se rasant ou se coiffant, en mangeant… en rêver la nuit, bref mieux vaut avoir des œillères pour éviter de se disperser et garder le cap bien en vue.

Avoir très soif est capital, surtout au début, ensuite elle s’entretient toute seule. Ne dit-on pas l’appétit vient en mangeant, c’est pareil pour la soif de pouvoir.

C’est fou comme on devient accro à cette soif-là. Plus moyen de vous décrocher lorsque vous avez trempé les lèvres dans le breuvage. Même ceux dont les chances de parvenir au sommet sont nulles, n’arrivent plus à s’en détacher. Ceux-là, le moindre abreuvoir électoral les attire. Ils boivent à tous les points de scrutin, se gorgent de bulletins jusqu’ ‘à plus soif, mais elle revient toujours au galop. Certains ont même le pouvoir de traverser des déserts sans la moindre goutte d’eau comme de détecter la proximité d’une nappe phréatique. C’est vital pour continuer à exister. Leur égo a tellement été sollicité qu’il ne peut se passer d’émerger, ne serait-ce que le temps d’une élection. Sortir du monde politique les plongerait dans un anonymat insupportable. Alors, ils boivent sans arrêt : ils sont devenus potomanes. (Potomanie maladie qui pousse à boire des quantités importantes de liquide de manière irrépressible, de l’eau généralement.)

Dans le substantif pouvoir (le pouvoir) se cache aussi le verbe « pouvoir ». Il ne suffit pas de vouloir pour pouvoir. Il faut être endurant, hermétique aux mauvais coups, ne pas avoir de casseroles qui traînent, même très anciennes… Avoir beaucoup de vassaux mais pas d’amis suzerains ou qui aient quelques velléités de ce côté-ci. Si vous n’êtes pas capable de faire le vide autour de vous, ni d’annihiler les espoirs de tout alter-égo, mieux vaut ne pas se lancer dans la course présidentielle. Cette course-là exige que l’on soit seul devant.

On connait déjà ceux qui seront rapidement décramponnés et ceux qui se frottent les gencives pour faire pousser les dents. Le temps de lever leur verre pour porter un toast au seigneur qu’ils auront choisi et les voilà hors circuit.

A mesure que les assoiffés se feront moins nombreux, les porteurs d’eau entreront en action, histoire de se positionner à côté du siphonneur en chef et trouver sa place dans les cocktails, tout près des meilleures coupes de champagne.

La démocratie permet à chacun de tenter de porter ses lèvres au Graal. Seul celui qui l’agrippera,  autorisera quelques gouttes par-ci, par-là, pour renforcer les regrets des prétendants malheureux. On s’habitue à tout, même aux gouttelettes lorsque la partie est terminée.

Les bêtes à concours sont connues d’avance, elles ont plus soif que les autres et ont déjà le verre à la main bien rempli… Il arrive, parfois, qu’une coupe leur échappe des mains lorsqu’ils ont trop bu …

Sinon,  simple porteur de bulletin, ne rêvez pas trop, étanchez votre soif de changement.    

Les assoiffés de pouvoir ne changeront pas pour vous.

 

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