Lorsque j’ai été invité par Via Stella, le journaliste animateur, me demandait si j’avais bien vécu la période lycéenne et si ma surdité n’avait pas été une gêne.
Rien n’était préparé, je ne connaissais pas les questions, tout surgissait sans que je sois prévenu du déroulement de l’émission.
Ma réponse a été claire, le lycée Clémenceau fut la période de l’amitié.
Nous étions internes et arrivions de différents villages, nous avons appris à nous connaître et à nous apprécier, sur le tas.
Porto-Vecchio, Levie, Propriano, Campumoru, Tallà, Quenza, Zonza, San Gavinu… divers horizons, si proches.
J’ai consacré un large passage à ces années lycéennes dans mon prochain ouvrage, vous pourrez en mesurer toute l’importance.
Aujourd’hui, je recevais un message de mon ami Jean Claude de San Gavinu di Carbini que je n’ai plus revu depuis plus de cinquante ans.
Vous ne pouvez imaginer le plaisir de renouer un lien, encore solide si j’en juge par ses propos tenus. J’avais l’impression d’être en face lui mais avec l’image de la jeunesse.
Nous avons vieilli, évidemment, j’ignore si je le reconnaitrais en le rencontrant dans la rue. Je n’en ai aucune idée, mais je pense que si.
Jean Claude avait deux voix, une très grave et masculine, l’autre plus fluette et aigüe, plutôt féminine. Il changeait de registre lorsque nous ne nous y attendions pas, il nous surprenait à chaque fois et nous faisait rire.
Nous étions très facétieux et très friands de clichés pour immortaliser nos sketches.
Très sérieux alors qu’on ne l’était pas souvent.
On nous photographiait en pleine discussion que l’on devine philosophique, les regards pointés vers l’horizon et l’air interrogateur.
On nous voyait sortir du lycée comme d’un hôtel avec des valises vides, en partance pour des vacances lointaines et toujours avec le même sérieux.
Vous retrouverez une bonne partie de notre vie d’internes au lycée, pour ce qui est racontable, seulement.
Des années heureuses qui ne s’oublient jamais et qui ressortent dans nos yeux malicieux chaque fois qu’une rencontre survient :
– Mi se tu ? Oh tamanta strada ! ( C’est toi ? Quel chemin parcouru !)
Et on se souvient…
Cher Jean Claude, j’espère qu’on se reverra un de ces quatre matins.
Te souviens-tu quand tu traduisais une vieille expression corse et que tu lançais à la cantonade :
– Va, tire toi balai !
Sais-tu aujourd’hui, ce que cela signifie ?
– Va te pendre ! Tirati capiu ! (Serre le nœud coulant, autour de ton cou, sous entendu)
Nous étions heureux et disions n’importe quoi, juste pour rire.
C’était la belle vie alors que les samedis privés de sortie, nous maudissions le monde entier de ne pouvoir rentrer chez nous. C’était la galère, alors, mais la petite galère qui nous a enseigné les contrastes heureux de la vie…
Bonsoir Simonu ,
La vraie amitié qu’on n’oublie jamais malgré les années qui passe , je dirais même qui augmente en nous avec les années qui fuient , et cela sans même se voir ,andante a sappe .
Belle jeunesse.
Bona sera.
🙂
Bona sera !