Ce soir il me vient une idée…en lisant la chronique de Mathieu Colette qui traite des sciences exactes, inexactes, dures ou molles. Flageolantes eut-été plus approprié que molles, elles tiennent mal sur leurs bases, sur leurs jambes.
Parmi les réactions on pouvait lire sciences humaines et inhumaines pour celles basées sur les chiffres. Là aussi, il eut-été préférable de dire ahumaines puisque les lois mathématiques et physiques existent en dehors de l’homme qui ne fait que les découvrir. Un homme des cavernes qui dessinait un triangle rectangle sans le savoir ignorait que le théorème de Pythagore était déjà blotti dans son dessin. Moi, je préfère parler de science exacte et de science humaine qui contient en elle une connotation de faiblesse. Une science flageolante puisqu’elle repose sur la vision humaine et que l’homme ne lui a pas encore trouvé de support définitif et sûr. Bref, je n’ai pas l’intention de développer un traité épistémologique, je préfère le penchant humoristique.
Cette idée, donc, qui m’est venue… le souvenir d’une rencontre cocasse entre trois personnes censées exercer la même profession mais aux formations initiales totalement inégales. Une profession science humaine : la psychologie.
La rencontre que je vais vous narrer et n’a d’autre ambition qu’amuser, nécessite un éclairement préalable afin que le lecteur ne se trouve face à des allusions non familières. Cet obstacle levé, laissez-vous aller.
Les trois personnages sont trois psychologues scolaires. Le premier, le DEPISTEUR, n’est autre qu’un précurseur issu du rang des anciens instituteurs, formé à la va vite pour l’exercer à la pratique du QI. Son rôle presque exclusif, traquer le QI pour déceler une aptitude à l’apprentissage de la lecture notamment. C’étaient les débuts. Au fil du temps, le corps des psy scolaires a vu arriver le CLINICIEN. Ce dernier de formation universitaire rompu à l’acte clinique (étude de cas), à priori plus docte, n’avait ni le passé ni la connaissance pédagogique de son prédécesseur. Enfin le dernier en date, moins répandu, le SYSTEMIQUE. Formé à l’étude des réseaux de communication autour de l’enfant, son crédo était : chacun a sa part dans l’histoire de l’enfant, tout doit être fait et dit au sein du réseau.La cohabitation promettait.
Enfin, voici quelques précisions concernant le vocabulaire utilisé.
Le Rorschach : test projectif destiné aux adultes pour une étude de la personnalité. Il s’agit de taches d’encre « dans les quelles le testé voit quelque chose »…
Patte Noire : test projectif pour enfants dont le « héros » est un petit cochon dans sa famille ; L’enfant va s’identifier à lui et faire ressortir son vécu… Patte Noire est un mouton pour les musulmans.
Ouf ? Nous y sommes, voici cette fable inversée inspirée de cette rencontre qui a vraiment existé.
Embarquement immédiat : Le dépisteur, le clinicien et le systémique.
Un jour, le psychologue scolaire de campagne s’en alla chercher fortune à la ville. Il fut reçu par le clinicien, son homologue qui le toisa avec dédain :
– Que viens-tu faire ici sur mon terrain ?
– Je viens, collègue, souffler un peu. J’ai rencontré tellement de QI minables et affreux que je rêve d’en débusquer, ici, des juteux et abordables. Ce dépisteur de campagne issu de la famille des instituteurs en avait gardé l’empreinte et dans son parler, et dans ses idées. Le clinicien de plus en plus agacé devant tant d’ignorance reprit :
– Mais vous n’avez jamais compris qu’il ne sert à rien de brandir des QI ? Avez-vous passé Patte Noire déjà ? ou un Rorschach ?
– Oh ! non, collègue, vous savez à la campagne les histoires de cochons et les taches d’encre… ça ne manque pas.
– Décidément vous n’avez rien compris à la psychologie… psychologue SCOLAIRE ! Au lieu de mettre votre patient sur le grill pour le faire sortir QI à point, vous feriez mieux de fouiller ses entrailles pour le mettre sur les rails.
A ces dires, M. System’hic entra dans la salle. C’était un grand frisé, mince, le derrière aplati par les années d’études. Il avait l’air détaché, calme, calculateur derrière ses fines lunettes métalliques. Il regarda ses faux frères et d’un air mystérieux leur dit :
– Je voudrais parler au psychologue.
– Quel psychologue ? Répondirent les deux en chœur.
– QI-je ? s’étonna M. Hic. Je parie que vous êtes deux…
– Ah ! non, répliqua le clinicien. Voici M. Dépist’heure, psychologue scolaire capable de fournir deux QI à l’heure… et moi-même, psychologue clinicien spéléologue de l’âme qui ai d’autres Rors…chats à fouetter.
– Alors, je me présente : Pierre System’Hic ami de Pierre Philosophale. Je m’intéresse aux systèmes, à l’entourage, à l’environnement et fais fi de l’individu. QI et projections ne sont que déraison à l’égard des relations et réseaux de communication. Comment peut-on, de nos jours, explorer en solo… Non c’est trop !
A ces mots, un enfant entra dans la salle et dit tout de go :
– Le directeur voudrait parler à M. Clinichien.
– Tiens, le petit coquin, il s’est moqué de vous. Déclara le dépisteur.
– Sûrement pas, il s’agit là d’un lapsus linguae de la plus belle espèce. S’écria le clinicien.
– Je n’en suis pas si sûr, reprit System’Hic, cet enfant ne semble pas apprécier le rôle d’estafette qui lui a été imposé. Il a l’impression d’être le chien messager… ou qui apporte… alors…
Pendant ce temps l’enfant revient dans sa classe :
– Monsieur Clinichien viendra plus tard, Monchieur le directeur.
– Il est temps, pencha che dernier, que l’orthophonichte lui enlève che « che » de sur la langue.
Et nos trois compères continuèrent à deviser allègrement tout en se détestant royalement.
Ah ! Psychogachis Quand tu nous tiens !
Belle leçon de science flageolante, non ?