Aujourd’hui, presque par hasard, je passais devant le jardin de mon enfance.
La barrière de fortune avait été arrachée par des vaches, m’a-t-on dit, j’avais l’impression d’être invité à rendre visite à mes jeunes années.
L’endroit est redevenu sauvage, la vigne que j’ai connue lorsque j’étais petit enfant, résiste encore et produit abondamment sans jamais être taillée.
Dans mon potager, les grappes sont nues, plus un seul grain, les geais ont tout raflé. Dans le vieux jardin de mes grands-parents, à l’abandon, des grappes abondantes et bien grenues se cachent sous la végétation, j’ai dû écarter des broussailles pour prendre quelques clichés.
J’ai revu grand-mère, grand-père et même mon bisaïeul au bout de sa vie. La Navaggia, notre quartier de naguère, était vivante et très peuplée.
Les anciens finissaient leur vieux jours dans le foyer familial, la vie était partout et la solidarité régnait dans les chaumières.
Curieusement, j’étais au beau milieu du jardin sans la moindre émotion, j’étais insensible malgré mes pensées pour mes aïeux. Ils étaient là, pourtant, j’avais l’impression qu’ils me susurraient : Laisse tomber, tu n’es plus chez toi, va, file d’ici et ne te retourne pas. Le bout n’est plus bien loin pour toi non plus, il ne restera plus rien de nos souvenirs.
J’entendais grand-père, le plus facétieux de tous : Un bulldozer viendra un jour et puis ce sera fini, finie notre famille, plus rien. Finie a Tipa en contrebas, fini Savalè et son oliveraie dans la partie basse, plus personne n’emprunte la voie di l’aria di u mari d’où on commençait à sentir l’air venu de la mer. On la devinait toute proche derrière les montagnes. Funtanedda a rendu l’âme, il y a belle lurette. Piazza di codu s’est définitivement endormie, on ne la pratique plus, on la salue en passant à quelques mètres sans pouvoir la parcourir.
La vie s’est évadée ailleurs, bientôt ce sera une autre histoire, si le quartier ne sombre définitivement dans l’oubli.
C’est triste…
J’espère que vous avez récolté quelques grappe, le raisin du jardin de l’enfance m’a l’air particulièrement savoureux 😉
Oui, quelques grappes et j’en ai mangé sur place.
Une partie du raisin que j’ai chez moi viens de sarments prélevés dans ce vieux jardin.