Le dernier jour d’octobre 2015, j’ai eu le plaisir et l’honneur de figurer dans « Reflets du temps ».
Luce que je ne connaissais pas et suivait mon blog en silence m’avait tiré le portrait.
Un de ces portraits dont elle avait le secret.
Artiste peintre et écrivain ou écrivaine si elle préfère, concertiste au piano de surcroît, elle savait manier la palette des couleurs comme celles des mots.
Ses tableaux expriment l’harmonie des nuances, fortes le plus souvent, et sont pourtant d’équilibre serein pour suggérer la douleur, parfois. Ses textes sont des tableaux aussi. Des tableaux de mots riches, puissants, qui fusent comme un feu d’artifice.
L’art de la pyrotechnie utile. Une écriture forte qui fit surgir en moi l’idée de textes Picasso. Une beauté évidente mais pas toujours pénétrable par le commun des lecteurs voire des plus lettrés.
C’était du Luce, c’est pourquoi je la disais intouchable. Sa patte reconnaissable entre mille. Dans ce florilège d’auteurs de « Reflets du temps », elle occupait une place à part. Elle était sautillante, intrigante, cinglante, vivante.
J’ai failli faire partie de ceux qui narraient leur reflet du temps.
Quelqu’un m’avait invité à les rejoindre, du temps où la liste des auteurs était moins florissante.
Je suis sauvage et je ne rentre pas facilement dans des cadres. Je n’aime pas les voyages organisés ni les mouvements de foule. Je respecte les règles facilement mais je ne supporte pas qu’on me les rappelle. D’ordinaire, je recule pour pas grand-chose, alors, le pas en arrière fut facile pour ne pas pénétrer dans ce que je nommais la « caverne aux trésors intimes ».
J’avais l’impression d’un grand salon souterrain, à l’abri du monde, où les gens déambulaient, un verre à la main, un verre à pied de préférence. Ils se croisaient, s’arrêtaient un instant non pour trinquer, ça ne se faisait pas ici, mais pour deviser avec classe plus que familièrement.
Les phrases étaient ciselées, emparfumées, flottaient au-dessus de leurs têtes comme des effluves à la fois arômes et influences mystérieuses. De la haute voltige.
J’imaginais mon écriture rustique, tout artisanale qui sent plus les chutes de cuir et les copeaux de bois que le produit bien fini, un peu perdue dans ce monde en lévitation.
Je n’y voyais qu’orfèvres et joaillers des mots, des phrases et des idées. Dans cette haute sphère, comment pouvais-je promener mon verre à pied et mes gros sabots.
Un univers trop confidentiel, curieusement trop feutré pour le solitaire que je suis.
Presque un paradoxe pour un isolé qui refuse un autre isolement, trop raffiné, trop dentèle et trop croque en bouche.
J’avoue, après cet a priori, peut-être infondé et coupable, je ne n’y suis retourné que rarement.
On ne regarde pas par les trous de serrure.
Vous imaginez bien que lorsque je pris connaissance du texte de Luce qui m’évoquait sans me connaitre en donnant l’impression de me connaître parfaitement, mon réflexe fut de la remercier à ma manière.
En commentaire, j’ai donc pondu mon œuf.
Hélas ! J’avais pondu du vent. Le nid est resté vide.
Etait-il interdit à l’étranger que j’étais de troubler leur basse-cour ? Ou était-ce un simple oubli du douanier qui surveillait les frontières de Reflets du temps ? Je ne le saurai jamais.
J’ai posté trois fois mon remerciement, sans succès. Je ne vais tout de même pas y pénétrer de force. Alors, j’ai ravalé ma tristesse devant ce vide sidéral.
Ce n’était que mépris à mon égard.
On ne veut pas de ça chez nous, j’avais eu l’outrecuidance de les égratigner dans un texte, la patronne, une enseignante était furieuse, elle m’aurait fessé si j’avais été à portée de claques.
Rendez-vous compte ! Pouf ! Quel manant ! Hors d’ici… pfff !
Et dire que Luce avait eu la mauvaise idée de parler de moi, ah ! La vilaine ! Ils ne savaient pas qui j’étais et me reconnaissaient dans le commentaire censuré sur le champ.
Les commentaires des écrivains maison n’ont pas tardé à fleurir ci et là. Non pas sur moi, le vulgaire !
On se saluait la plupart du temps, on complétait des suggestions, on prolongeait une idée en toute courtoisie dans ce monde de l’entre-soi.
Pas un mot de travers, que gentillesse et compliments.
Je les voyais déambuler en bottines à talons hauts et dentèle aux chevilles.
J’étais plus à l’aise sur ma colline dans la débraille.
Là, les oiseaux me saluent, j’y ai toute ma place, j’ai patiemment bâti mon nid, brin de paille après brin de paille, entre moi et moi.
Un autre entre-soi, un cas particulier de l’entre-soi.
Si vous passez par mon blog Luce, voici le petit mot que je vous adressais :
« Etait-il possible d’imaginer qu’un jour « le brou béant* », provisoirement incapable d’accoucher de sa noix, attende les rafales dominantes venues de la vallée d’Archigna pour lâcher prise et inspirer Luce ? Visiblement, c’était possible. Luce veille et peu de choses lui échappent, même sur cette colline de l’Aratasca qui voit passer peu de gens. Une rencontre à travers des écrits comme il s’en produit au hasard des lectures. Je suis surpris et ravi de me trouver là, accroché parmi les textes Picasso de Luce comme il me plait de le dire. Merci Luce pour cette agréable surprise. »
*Le brou béant. Elle avait repéré une photo dans mon blog, intitulée « le brou béant » puis s’était envolée sur cette image visible en titre.
Luce n’est plus de ce monde, ce texte est pour moi l’occasion de saluer sa mémoire, encore une fois.
Il me semble bien avoir lu ce texte de Luce parlant de vous dans le Monde…
Je crois que ce coup-ci je suis abonnée, on verra avec le prochain article ….:)
Tout ça va rentrer dans l’ordre, j’espère.
Encore un bel écrit sur vous.
Par contre, sans l’utilisation de votre ancien blog je n’aurai pas vu cette nouvelle publication. L’abonnement que j’ai fait ne fonctionne pas. Je n’ai reçu aucune information concernant ce post. Ce qui serait bien c’est que vous ajoutiez le widget Abonnez-vous
Je ne sais pas comment faire, quelqu’un m’aidera.
L’ancien blog est actif jusqu’en mars prochain, je posterai chaque lien pour que vous soyez avertis. D’ici mars, le problème sera résolu.
Voici le texte Picasso de Luce, me concernant.
J’ai découvert qu’elle connaissait tous mes recoins.
Après nous avons épistolé 🙂
https://simonu.home.blog/2021/05/26/confucius-au-jardin-des-plantes/
Bien je viens de m’inscrire via la liste email. Donc normalement tout devrait fonctionner 🙂
J’ai encore cherché, je n’ai rien trouvé, trop de trucs…
Je suis peut-être dans le cas de figure d’un sauvage qui meurt de soif devant un robinet fermé. Par ignorance 😉
Simonu, dans l’admin du nouveau blog, clic sur « apparence » puis clic « widgets » ensuite vous suivez les instructions.
Sinon je ne reçois pas non plus la notification signifiant que vous avez répondu à mes commentaires…