Effets pervers.

Lorsqu’on touche au portefeuille, on n’a plus envie de rigoler.

Aujourd’hui, je reviens à ma marotte. Avouez que ce n’est plus une marotte mais bel et bien une réalité.

Chaque fois que l’on annonce une nouveauté, vous pouvez être sûr qu’elle porte en elle son effet pervers et ne tardera pas le dévoiler. C’est toujours ainsi. Hier, j’écoutais un reportage sur les dealers dans les cités HLM. Dans certains endroits, les autorités remarquaient que l’éradication du trafic de drogue s’accompagnait de facto d’une baisse conséquente de l’acquittement des loyers. Les habitants qui recevaient une enveloppe tous les mois en échange de leur silence, n’avaient plus les moyens de payer le propriétaire de l’appartement.

Ce n’est là qu’une entrée en matière pour éclairer le titre. Le propos du jour concerne les réformes de notre président tout neuf et tout pimpant et surtout convaincu qu’il ne se trompe jamais. On a rarement vu une telle assurance, même le président Sarkozy peut aller se rhabiller. Il lui arrive de rattraper certaines maladresses de communication en se montrant davantage mais sans avouer que c’est un manège. Ce n’est pas dans son ADN de fonceur aux certitudes bien arrêtées que de flancher. Il a sans doute de bonnes idées comme tous les autres mais toutes ses idées ne sont pas bonnes.

Les retraités vont se mordre les doigts s’ils ont déposé un bulletin pour le faire élire. Oh, pas tous, bien d’autres vont danser, mais ceux qui dépassent les 1200 € mensuels pourraient s’en souvenir. On entend un peu partout que les impôts vont baisser alors qu’il est plus juste d’ajouter, pas pour tout le monde. La suppression de la taxe d’habitation pour une catégorie de retraités va mécaniquement impacter l’autre versant.  La hausse de la CSG avec les impôts locaux inchangés pour ceux qui restent imposables, ne présage rien de bon. La taxe d’habitation comme le foncier risquent d’augmenter pour combler le manque à gagner des communes car la compensation de l’état n’est jamais à la hauteur annoncée. Les « pas assez pauvres » et « pas assez riches » plus facilement corvéables, qui généralement ronronnent de plaisir, vont sans doute trinquer.

Mais où sont les effets pervers ?

Le retraité qui gagnait correctement sa vie, faisait vivre les commerces de proximité étouffés par les grandes surfaces, aidait les enfants, les petits enfants, offrait son vieux téléviseur au voisin moins fortuné, proposait des habits à peine usagés à une connaissance dans le besoin, sera nettement moins généreux. Il s’appareillait, faisait faire des menus travaux par le chômeur du coin, sollicitait un jardinier de fortune, achetait du bois, allait chez le coiffeur, bref vous n’aurez aucun mal à rallonger la liste. Le nouveau pouvoir d’achat revu à la baisse ne permettra plus cet altruisme et cela va se ressentir dans les villages où les retraités sont nombreux. Sans oublier le coup au moral et l’aspect psychologique qui risque d’en pâtir aussi. Au bout du compte, un grand nombre de contribuables gagnera nettement moins que celui qui frise la limite imposable. Le grand danger pour les personnes touchées, sera le risque d’augmentation des impôts locaux et du foncier acquis souvent péniblement. C’est surtout cette bombe à retardement qui menace de faire de gros dégâts dans certaines chaumières lorsque dans d’autres huttes on fera chanter le mousseux à défaut de champagne.

Notre président trouve réponse à tout et va même jusqu’à fulminer s’il le faut. J’écoutais son dialogue violent avec une habitante des îles qui disait son amertume après la catastrophe cyclonique. Je regardais son visage tendu, rempli de colère et de brutalité sous-jacente… Ce n’est pas la première fois qu’il montre le masque des mauvais jours n’affichant aucune faiblesse. Un dieu même élu ne se trompe jamais et ne rend pas compte posément. J’ai intérêt à parler plus bas, des fois que ces propos ne viennent aux oreilles du chef de l’Olympe si Jupiter en touchait deux mots à Zeus. Il pourrait m’adresser ses foudres.

Par chance, notre guide national a d’autres réformes à fouetter pour les monter en neige. Il ne m’entendra pas. En attendant, notre catégorie de retraités, trop aisée, s’apprête à être dégradée sans ménagement et sans trop d’états d’âme puisqu’il n’y a rien à voir, rien à dire : Garde à vous ! Rompez !

Circuler ou faire Bazaine*, il n’y a pas d’autre choix… pour le moment.

*Faire Bazaine=capituler, en référence au maréchal Bazaine qui avait capitulé en rase campagne face à l’ennemi. Je pense que trivialement cela peut signifier « baisser sa culotte » mais cette allusion n’existe nulle part.

Pour le plaisir, voici quelques photos de Lévie, un jour de printemps. C’est plus agréable.
(Cliquez sur les photos)

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