L’onirisme pour s’évader.

S’inventer des galaxies lointaines pour s’échapper vers l’ailleurs est une de mes activités quasiment sisyphéennes.
Inlassablement, s’évader hors de la planète bleue pour feindre de croire que les choses sont plus belles dans une autre galaxie, est sans doute une fuite, un refus de l’usure du monde où nous vivons.

C’est également une relance perpétuelle de l’espoir.
L’espoir que dans l’ailleurs des découvertes sont à faire.
Alors, sans attendre, je les invente puisque je n’en sais rien.
Ce n’est pas plus idiot que croire à une autre vie après la vie, qu’en savons nous ?

Dans ces contrées inconnues, des petits êtres mauve, ou rubiconds de visage vivent sur un rythme infernal, de sorte qu’ils n’ont jamais le temps de réaliser ce qu’il leur arrive.
Le temps de vivre, comme chez nous, est incertain mais beaucoup plus court dans sa globalité.
La durée de vie de ces humanoïdes ou non, ne franchit jamais les vingt barriques. La barrique étant l’unité de temps comme les balais ou les ans chez nous, elle équivaut à une demi-année, grosso modo.
Chaque créature vit dans une barrique qui fonctionne comme une centrifugeuse pour interdire la réflexion. La moindre pensée détermine la fin de vie.
Dès qu’une pensée germe dans l’esprit d’un occupant, la machine s’emballe et envoie balader l’habitant, satellisé autour de la planète orange.
Très vite il devient poussière locale et disparait.

Si la réflexion n’existe pas dans ce monde curieux, c’est la conséquence d’une longue maturation et de multiples mutations. L’évolution a fabriqué des êtres sans entendement mais des individus sensibles aux fortes sensations. C’est jubilation permanente, tourbillon quasi perpétuel marqué de pauses de courte durée afin d’interdire toute pensée perturbatrice du système. Ici, on ne pense pas, on danse frénétiquement.
La pensée a détruit la pensée. Une sorte de perversion réflexive engendrée par l’excès d’analyse souvent dévoyée ou mal engagée.
La conscience a évolué vers le « Je ne pense plus donc je suis », sous entendu, je poursuis, je suis la trajection qui m’est imprimée, non pas « conscience d’exister ».
Ces vivants cahotés, ballotés, bousculés, sont tous du même tonneau.
Ils tourbillonnent sans conscience du mouvement imposé, il ne sont que sensation forte, émotion vive, jubilation explosive et s’ignorent les uns les autres.
Une planète inutile, dans le néant de la pensée, une vie absurde qui ne sert à rien et ne dérange personne.

Je préfère vivre sur ma planète bleue où je savoure les instants à ma guise, me dépêche de vivre pleinement mes sentiments et mes réflexions… vite, bien vite, car le moment approche où je serai éjecté de ma barrique !

Sur notre planète, il y a des bouteilles d’eau qui cogitent et s’inventent une fin de vie.
Elles me ressemblent beaucoup 😉

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