La bataille des présidentielles est lancée, les phrases commencent à fuser comme des flèches à l’adresse du camp adverse.
On balance une pique pour affirmer une « vérité toute personnelle », mais aussi pour provoquer la riposte en espérant qu’elle soit maladroite. Ce double effet est encore plus efficace car il permet de rebondir jusqu’à produire un effet ricochets destiné à nourrir le débat. Ou plutôt, le gaver pour que nous le vomissions.
Eva a frappé là où ça fait mal : supprimer le défilé du 14 juillet dans sa forme actuelle. Défilé que l’on retrouve en Russie, Corée du Nord et Chine mais pas dans les pays démocratiques européens.
Fillon riposte : « … elle n’a pas une culture très ancienne des valeurs françaises. »
Martine est « excessivement choquée par les propos du premier ministre »
Cécile, plus académique, est « extrêmement choquée »… elle emploie le bon adverbe, Martine avait oublié de tourner sa langue…
Dany, Harlem, Copé… y sont allés aussi de leur coup de badine.
Eva réplique : « Je ne descends pas de mon Drakkar. Ça fait 50 ans que je suis en France. Je suis française. »
Là est toute l’astuce de la phrase sibylline, qu’a-t-elle voulu dire.
– Je suis viking et je le reste et dans le verbe et dans le geste même en étant française ?
– Oh ! Mon bateau, je ne le changerais pas pour un paquebot ?
– Ma Norvège au cœur, la France au cerveau ?
– Je ne descends pas du drakkar car je n’y suis plus depuis 50 ans ?
– Il y a belle lurette que je l’ai quitté mais j’y pense encore en me coiffant ?
– Ce nom lui est-il venu comme une réminiscence du Viken, baie d’Oslo où le bateau était très présent ? Mystère.
On ne mesure pas toujours toutes les portées des mots lâchés en campagne. Mais au fond, une campagne électorale n’est-elle pas une guerre aussi ?
Alors c’est de bonne guerre.
Seul François H. a gardé les pieds sur terre ou plutôt hauteur d’esprit : « Je ne partage pas le point de vue d’Eva Joly sur le 14 juillet, mais elle a parfaitement le droit de défendre cette position sans qu’il soit besoin de mettre en cause sa culture des valeurs de la France. »
Souvenez-vous :
« Je ne partage pas vos idées mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous puissiez les exprimer » pourrait résumer notre Hollande voltairien, mais il parait que l’auteure de cette réflexion serait Evelyn Beatrice Hall, une anglo-saxonne…. Ça devient compliqué.
Voyez, on n’est jamais sûr de rien mais ça fait un joli mélange et Eva y est pour quelque chose.
Et bonne journée à tous !