C’est une habitude, je me promène toujours avec mon petit compact de poche.
Il m’arrive de l’oublier, c’est rare mais ça arrive.
J’ai remarqué, chaque fois que je ne l’ai pas sur moi, mon regard change.
Je suis moins attentif au spectacle qui s’offre à moi, plus distrait, je passe sans rien voir.
C’est totalement différent lorsque je me balade avec mon petit appareil en poche. Il est invisible et toujours disponible, prêt à choper l’image que j’imagine déjà.
L’esprit est en alerte, je vois ce qui échappe au commun des mortels.
Bien plus que cela, la moindre vision d’une chose qui m’interpelle, livre instantanément l’idée qui l’accompagne.
Hier, je musardais sans aucune idée préconçue.
C’est à dire que je promenais mes pas au hasard des rues.
J’avais la main posée sur mon compagnon de poche comme un doigt sur la gâchette, prêt à dégainer à la moindre alerte.
Cela n’a pas duré longtemps.
En passant devant un petit local désaffecté, mon esprit a cliqué en même temps que le compact.
Clic ! Geôle ! Clac !
Je savais qu’en rentrant chez moi, j’allais exploiter cette idée, geôle.
Je me suis donc amusé à combiner des clichés pour brouiller l’original afin de créer d’autres images.
Voilà comment je suis devenu graffeur des rues :
J’étais content, d’un rien j’ai trouvé matière à m’amuser.
Outre l’exercice physique qui dégourdit les jambes, les déambulations de hasard réjouissent l’esprit.