L’entre-soi.

DSC_0020Du mouron bleu, du mouron rouge pour ne pas se faire de mouron. (Cliquer sur l’image)
Le dernier jour d’octobre, j’ai eu le plaisir et l’honneur de figurer dans « Reflets du temps ».
Luce m’a tiré le portrait. Un de ces portraits dont elle a le secret. Artiste peintre et écrivain ou écrivaine si elle préfère, elle sait manier la palette des couleurs comme celles des mots. Ses tableaux expriment l’harmonie des nuances, fortes le plus souvent, et pourtant d’équilibre serein pour suggérer la douleur parfois. Ses textes sont des tableaux. Des tableaux de mots riches, puissants qui fusent comme un feu d’artifice. L’art de la pyrotechnie utile. Une écriture puissante, et l’idée qui a surgi en moi un jour, fut celle de textes Picasso. Une beauté évidente mais pas toujours pénétrable par le commun des lecteurs voire des plus lettrés. C’est du Luce, c’est pourquoi je la dis intouchable, sa patte se reconnait entre mille, on ne voit qu’elle. Dans ce florilège d’auteur de « Reflets du temps », elle occupe une place à part. Elle est sautillante, intrigante, cinglante, vivante.
J’ai failli faire partie de ceux qui narrent leur reflet du temps. Quelqu’un m’y avait invité du temps où la liste des auteurs était moins florissante. Je suis sauvage et je ne rentre pas facilement dans des cadres. Je n’aime pas les voyages organisés ni les mouvements de foule. Je respecte les règles facilement mais je ne supporte pas qu’on me les rappelle. D’ordinaire, je recule pour pas grand-chose alors le pas en arrière fut facile pour ne pas pénétrer dans ce que je nommais la « caverne aux trésors. J’avais l’impression d’un grand salon où les gens déambulent, un verre à la main, un verre à pied de préférence. Ils se croisent, s’arrêtent un instant non pour trinquer, ça ne se fait pas ici, mais pour deviser avec classe plus que familièrement. Les phrases sont ciselées, emparfumées, flottent au-dessus de leurs têtes comme des effluves à la fois arômes et influences mystérieuses. J’imaginais mon écriture rustique, toute artisanale qui sent plus les chutes de cuir et les copeaux de bois que le produit bien fini. Je n’y voyais qu’orfèvres et joaillers des mots, des phrases et des idées. Dans cette haute voltige comment pouvais-je promener mon verre à pied et mes gros sabots. Un autre univers, encore très confidentiel du temps où je pensais cela. Il y a du monde aujourd’hui.
J’avoue, après cet a priori, peut-être infondé et coupable, que je ne n’y suis retourné que rarement. Les choses ont sans doute changé.
Vous imaginez bien que lorsque je pris connaissance du texte de Luce mon réflexe fut de la remercier à ma manière. Il existe pour cela, à la suite des écrits, une case toute prête à recevoir votre commentaire. J’y ai donc pondu mon œuf. Hélas ! J’ai pondu du vent. Le nid est resté vide. Etait-il interdit à l’étranger que je suis ? Ou était-ce un simple oubli du douanier qui surveille les frontières de Reflets du temps ? Je ne le saurai jamais. J’ai posté trois fois mon remerciement, sans succès. Je ne vais tout de même y pénétrer de force. Alors, j’ai ravalé ma tristesse devant ce vide. Comment voulez-vous comprendre autrement devant le silence ? On imagine le pire, jusqu’à se tromper lourdement. Eh bien tant pis si je me trompe !
Au bout du texte de Luce on peut lire : « Vous avez été authentifié comme invité », mon adresse mail y figure. Rien, pas une explication au vide de mon commentaire. A quoi bon reconnaître un invité fantôme ?
Les commentaires des écrivains maison n’ont pas tardé à fleurir ci et là. On se salue la plupart du temps, on complète, on prolonge une idée en toute courtoisie dans ce monde de l’entre-soi.
Je resterai sur ma colline dans la débraille, je m’y sens plus à l’aise… là, j’y ai toute ma place, j’ai patiemment bâti mon nid, brin de paille par brin de paille, entre moi et moi. Un autre entre-soi, un cas particulier de l’entre-soi.
Vous pourrez lire  le texte de Luce en cliquant sur ce lien:

http://www.refletsdutemps.fr/…/confucius-au-jardin-des-plan…

Si vous passez par ici, Luce, voici le petit mot que je vous adressais :
« Etait-il possible d’imaginer qu’un jour « le brou béant », provisoirement incapable d’accoucher de sa noix, attende les rafales dominantes venues de la vallée d’Archigna pour lâcher prise et inspirer Luce ? Visiblement, c’était possible. Luce veille et peu de choses lui échappent, même sur cette colline de l’Aratasca qui voit passer peu de gens. Une rencontre à travers des écrits comme il s’en produit au hasard des lectures. Je suis surpris et ravi de me trouver là, accroché parmi les textes Picasso de Luce comme il me plait de le dire. Merci Luce pour cette agréable surprise. »

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