La grive musicienne.

La grive est très commune à la périphérie de nos villages.
Elle est discrète, très méfiante, se déplace par sautillements autour des fourrés à la recherche de nourriture. Insectivore prioritairement, lombrics, petits escargots dont elle brise la coquille, cloportes, constituent l’essentiel de ses préférences.
Elle raffole aussi de petites baies comme les fruits noirs du lierre regroupés en ombelles, abondants en hiver, de gui, d’olives lorsqu’elles sont bien mûres.

Jeune adolescent, je pratiquais la chasse à l’affût, au lance-pierres, sous les oliviers.
La grive surgissait par surprise, se posait sur une fine branche puis devenait invisible. Je pouvais rester de très longues minutes sans pouvoir la localiser, seul un mouvement pour se déplacer dans l’arbre trahissait sa présence. Son petit cri de faible crécelle, typique de ces moments de nourrissage, semblait traduire sa satiété mais n’était d’aucun secours pour la localiser.
Rares étaient les jours où je faisais mouche, il m’arrivait de lâcher de manière précipitée ma bille en terre cuite qui servait de projectile. Je me débrouillais pour que mon tir soit foireux malgré la petite montée d’adrénaline due à mon état d’extrême concentration pour réussir mon coup. A la dernière seconde, je déviais mon adresse en maladresse, et regardais l’oiseau plonger plus bas dans l’oliveraie avec la satisfaction de l’avoir raté. Je prenais conscience de ces mauvais penchants induits par les difficultés que nous avions à nous nourrir.
Sans doute étaient-ce encore des restes préhistoriques de nos ancêtres chasseurs.
Durant ces longues attentes sans bouger, j’ai cultivé la patience qui me vaut aujourd’hui celle d’un chasseur d’images capable de traquer un insecte pendant plus d’une heure, parfois, pour obtenir un bon cliché.

Ce matin-là, j’étais posté derrière ma fenêtre, lorsque je vis, au-delà du grillage, une grive musicienne en quête de nourriture autour de ma maison. Ma position inconfortable de photographe prisonnier de sa fenêtre, ses vitres et son rideau, me contraignait à diverses contorsions pour tirer une image correcte.

J’avais l’impression d’être retourné en enfance sous les oliviers de Savalè, sans aucun risque de m’écorcher les jambes en frôlant un roncier, sans me mouiller sous une pluie fine incessante, bien à l’abri dans ma maison en lisière de maquis… Et surtout en dérangeant le moins possible cette jolie grive qui consent à me servir de modèle pour cet article qui me ravit.

Passer dans cette vie et regarder vivre sans déranger le monde…

Voici les images :

Je la cherchais, je l’ai vue après coup sur l’image.
Hum ! On dirait que je suis repéré !
???
Repéré !
Je m’en vais !

3 Comments

  1. Je préfère de loin la chasse aux images 🙂
    Jolie petite bête, c’est rare de si bien la voir !

  2. Bonjour Simonu ,
    Elles sont si belles ,ainsi que tous les oiseaux , leur chant attire toujours notre attention , merci pour vos partages de souvenirs…

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