L’inspecteur des labours.

Il apparait comme par enchantement et ne prévient jamais.
Il débarque de nulle part.
On dirait qu’il a fait ses études dans un lycée agricole, dès qu’il me voit partir avec une bêche ou une houe en direction du jardin, le voilà qui se pointe à quelques mètres de moi.
C’est la saison printanière, il doit savoir, c’est son métier ou sa première nature.

Le rouge-gorge est paisible, en apparence, on dit qu’il est courageux car il ne craint pas la présence humaine et vient gratter jusqu’aux pieds du bêcheur. C’est d’ailleurs devenu une expression locale « Curaghjosu com’u petti russu » (Courageux comme le rouge-gorge)

Il est très patient et surveille du coin de l’œil. Il sait qu’à un moment ou un autre, un lombric se tortillera à la surface de la terre, il n’aura plus qu’à venir le cueillir. Il en raffole et s’en gave volontiers.

Très facile à photographier, il vous laisse le temps de lui tirer le portrait et prend même des postures.
Figurez-vous que je lui ai demandé de patienter quelques minutes le temps d’aller chercher un piquet et une planchette sur laquelle j’avais écrit son nom. Il aime se placer légèrement en hauteur pour maximiser son inspection. Il m’a fallu une vingtaine de poignées de secondes pour fabriquer un perchoir.
L’oiseau n’a pas hésité, il est venu se percher presque séance tenante.
Il était fier sur son pylône.
Il m’a interpellé :

– Qu’est-ce que tu as écrit ?
– Ben, rouge-gorge !
– C’est quoi rouge-gorge ?
– C’est ton nom pardi !
– Mon nom ? Ah, c’est comme ça que vous me nommez ?
– Ben, oui ! et « petti russu » dit-on dans mon village !
– Houlala ! C’est marrant comme nom. Vous êtes miros ou quoi ? Vous devriez plutôt m’appeler orange-gorge, non ?
– Cherche pas à comprendre, dans certains endroits on t’appelle rubiette, toi, comme l’autre, ton cousin… Heu, comment il s’appelle déjà ! Ah voilà ! Le rouge-queue, c’est ça, le rouge-queue !
– Le rouge-queue ? J’en ai jamais vu. Il me ressemble ?
– Il est de même taille que toi mais c’est sa queue qui est orange et non sa poitrine.
– Bon, bon ! J’ai faim, continue à bêcher, j’ai vu une larve de taupin qui gigote. Continue, continue ! Je surveille, je vais la choper, j’adore ces trucs jaunes.

Et voilà que notre inspecteur des labours commence à me donner des ordres.
Courageux ! courageux ! C’est ça, il est courageux l’ami solitaire et autoritaire en plus !

Approchez vous un peu, je vais parler tout bas pour qu’il n’entende pas.
Encore plus près de l’écran… Voilààà comme ça !
Un jour, lorsque j’aurai un peu de temps, je lui apprendrai à lire, je mettrai quatre ou cinq panneaux avec différents noms d’oiseaux.
– Ah bon ? Et comment tu vas faire pour savoir s’il sait lire ?
– Fastoche, je sais qu’il adore se poser sur le piquet le plus haut, ce sera sa pancarte et dès qu’il sera dessus, je le prendrai en photo avec les autres panneaux autour. Ce sera facile de dire qu’il sait lire.
Les gens vont être épatés. Un rouge-gorge courageux, instruit de surcroît, ça étonnera le monde !

Larve de taupin ou ver « fil de fer », à cause de sa rigidité. On dirait un morceau de plastique jaune très coriace, pas mou du tout.
Le taupin est un coléoptère brun qui pond ses œufs en juin sur la terre, au milieu des herbes. Dès que la larve apparait, elle s’enfonce dans le sol où elle va vivre trois à quatre ans. C’est une bestiole très vorace et ravageuse des légumes racines (carottes) et tubercules (pommes de terre). L’insecte parfait, le taupin, est plutôt inoffensif mais sa larve, pardon ! Elle en fait des dégâts ! Heureusement, je n’en ai pas rencontré beaucoup, quelques unes dans tout le jardin, juste de quoi assurer la descendance.
Le rouge-queue. Je le vois surtout en octobre, il se gave de baies de vigne vierge.
Mieux vaut le photographier au moment de « l’abbranchage » sinon, il n’aime pas trop les photographes sans camouflage, qui se croient tout permis.

4 Comments

  1. Un vrai bonheur, ces images 🙂
    Ici on les a toute l’année parce qu’il fait plus chaud. Je me balade souvent sur les hauteurs, encore dans la ville mais il y a beaucoup d’arbres à la disposition d’une foule d’oiseaux divers. Un petit paradis à quelques pas…

    1. On prévoit des pluies diluviennes dans les prochains jours, je me prépare.
      Merci Tatiana.
      Bonne journée, ici un peu venteuse pour annoncer les pluies qui arrivent.

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