Sur le chemin de la conscience

L’autre jour, je lisais un aphorisme de Confucius : « Nous avons tous deux vies et la deuxième commence lorsque nous nous rendons compte qu’il n’y en a qu’une ».

Nos deux vies seraient donc gigognes. La deuxième, plus secrète,  se cacherait dans la première et reste invisible pour grand nombre d’entre nous.

C’est souvent à l’occasion d’un choc sur la première, et à travers la fêlure qu’il provoque, que l’on découvre une autre manière de vivre.

Avec la révélation de la notion de temps, on relativise, on voit les choses autrement.

Cette conscience du temps qui passe, jusque-là connue mais pas ressentie, va être à l’origine d’un tournant dans la vie. Lorsqu’on arrive aux confins du vivre, tout près du gouffre, et que la bonne fortune nous rattrape pour un autre bout de chemin, ce nouveau parcours devient sursis. On savoure chaque instant, on sourit plus souvent.

J’ai eu cette chance de ne pas attendre un coup dur pour voir à travers la fêlure. J’ai toujours porté sur la vie ce regard intrigué, ce doute permanent du pourquoi. J’ai toujours pensé que ma vie serait trop courte pour trouver la clé de cette énigme. Depuis que le monde est habité d’humains, personne n’a entr’ouvert la porte. Certains croient l’avoir franchie mais nul n’est jamais entré dans le mystère pour dévoiler une certitude. Espoir seulement, simple commodité pour calmer des angoisses et donner un sens à son existence.

Je retiens que la vie est belle, j’en accepte toutes ses facettes car je sais qu’elle a besoin de ses contrastes pour s’appeler vie. Je me lamente seulement parce qu’elle va trop vite. Hier encore, j’étais un enfant. J’ai gambadé de l’insouciance à la conscience, alors, je regarde, j’écoute, je parle… je vis. Je revisite le passé, j’ai beau me hisser sur la pointe des pieds, je ne vois toujours rien devant. L’avenir reste à venir et désespérément vide.

Alors, depuis longtemps déjà, je pense : celui qui a intégré la notion de temps, ne se préoccupe plus du sens de la vie et se passe de l’idée de Dieu. C’est mon credo. La morale saine, je prends tout ce que la vie me donne sans rien voler à personne.

En attendant « l’après », si cet après est bien posé quelque part, je voyage sur le chemin qui se dessine devant moi. Mon esprit vagabonde au-delà des sentiers mais ne respire que les parfums d’ici-bas.

*Pour la lisibilité du dessin. Aladin qui représente la deuxième vie est caché dans la première poupée. Celle-ci pense que ce n’est pas le moment de sortir car la personne n’est pas encore prête pour cette deuxième vie… Elle ne le sera peut-être jamais ou ne saura pas…

 

6 Comments

  1. Bonsoir ,

    Savez vous de quel chapitre des analectes de confucius est tirée cette phrase ?

    Je ne la trouve pas .

    Merci

    1. Bonsoir Yann,
      J’ai trouvé cet aphorisme, hors de son contexte, dans un texte cité par quelqu’un. Je ne me souviens plus à quel propos. J’aime écrire des aphorismes et celui-ci m’avait particulièrement frappé. Il me semblait parfait.
      Je suis désolé de ne pouvoir vous aider et je vous remercie de faire un tour dans mon espace d’écriture.
      Ce sont des rencontres agréables… Bonne soirée.

  2. En attendant « l’après », si cet après est bien posé quelque part, je voyage sur le chemin qui se dessine devant moi. Mon esprit vagabonde au-delà des sentiers mais ne respire que les parfums d’ici-bas.
    Je découvre cet espace au hasard d une recherche et cette phrase pas anodine me parle et m inspire… Alors merci et bien à Vous ici-bas <3

    1. Bonjour. Le hasard fait la vie ou plutôt la nécessité fait la vie. Toutes ces imbrications que l’homme ignore et les appelle hasard. Vous êtes venu(e) parce-que vous cherchiez et vos recherches vous ont conduit(e) jusqu’ici. Vous y avez trouvé une inspiration autre que celle que vous cherchiez, je suis ravi pour vous. Voyagez donc au gré de vos envies, d’autres plaisirs vous attendent… Bonne journée et merci d’être passé(e) par là.

  3. « Je me lamente seulement parce qu’elle va trop vite. Hier encore, j’étais un enfant. »

    C’est exactement cela.
    Je suis tombé par hasard sur cette phrase de Confucius (est-elle vraiment de lui ?), citée en signature des messages d’un forumeur. Elle m’a immédiatement parlé, peut-être parce que je suis justement dans une phase où je remets en question la vie standard dans laquelle la société tend à nous enfermer (ça fait des années, en fait, que je suis dans cette phase, mais j’ai toujours reporté le moment de « couper les amarres ») et me dit que c’est le dernier moment, à l’approche de la cinquantaine et n’ayant plus grand chose à perdre (trop tard pour devenir carriériste ou pour m’endetter en achetant une maison), de réaliser mes rêves d’enfant et vivre autrement.

    En cherchant sur le net, je suis arrivé sur ce blog. Merci pour votre sensibilité. Je me sens moins seul.

    1. Bonjour Fabius. Je doute fort que vous fassiez partie d’un quelconque gouvernement. Se trouver entre soi et soi pour prendre conscience qu’on est vraiment embarqué presque comme une plume au vent que l’on peut à peine ou très peu diriger quelle aubaine ! Ces moments incertains qui restent encore à vivre ne seront pas perdus. Dire ce que l’on veut, agir à sa guise, si peu… rien ne vaut, me semble-t-il, la conscience des choses. Quel dommage de passer si vite, c’était plein de belles et bonnes choses… Carpe Diem Fabius et que ce qui suit vous soit agréable. Merci d’être passé par là et bonne journée.

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