Le temps brigand.

– Tu te souviens ?
– De quoi ?
– Combien d’années qu’il est parti notre ami ?
– Ça fait cinq ans.
– Déjà ?
– Oui, déjà… ça file vite.

Combien de fois avons-nous entendu ce genre de dialogue pour constater que le temps nous file sous le nez ?

Pour que les minutes durent des heures, j’engoulevent.
Mes pas sont pesants pour marquer le temps.
Chaque geste, même douloureux, est souvenir.
C’est une habitude, mes attitudes vont de soi.
Rien n’est calculé, c’est mon mode de vie.
Bien installé, progressivement, naturel maintenant.
Le mot est sans lourdeur, ma parole est donnée pas seulement dite.
Un instinct, une manière d’être et de vivre.

Je file avec le temps.
Nous marchons flanc à flanc.
On se toise, il me fait des clins d’œil et me provoque.
Je l’ai à l’œil.
Je sais qu’il fuit et qu’il va me larguer.
Il s’en fiche et n’a rien à fiche.
Son passe-temps ? Courir devant.
Je le freine, il accélère.
Je le retiens, que dalle, rien.
Il se secoue, me rabroue :
– Lâche-moi les baskets ! 
– Non, je ne te lâcherai pas ! Il faudra que tu t’y fasses, je m’adapte à ton tapis roulant. C’est lui qui déverse, tout au bout du rouleau, la fin de nos histoires dans la grande inconnue d’après vie.
Il nous entasse, par bennes entières, dans la sombre énigme ou dans le néant.
Allez savoir ce qui se passe ?
Allez savoir pourquoi il ne se lasse ?
C’est son métier de nous jeter, il n’en a jamais assez.
Une vis sans fin, même pas trieuse, une emmerdeuse.

Je le vois devant ma fenêtre.
Il fait son rigolo en météo.
Je regarde au-dessus de Tirolu devenu désormais mon point de repère.
Ce petit village me donne le tempo.
C’est lui qui clignote la nuit, c’est lui qui se cache dans le brouillard ou qui se dore au soleil.
Il me montre du doigt, juste au-dessus de ses toits, on se fait face.
Le temps flotte, le décor est changeant pour habiller le théâtre de nos vies.
– T’as vu ce soir ? Hou ! Hou ! Dépêche-toi, sors ton kodak ! … 

Tirolu me prévient, je le crois.
Je n’aime pas qu’on me vole mon temps, qu’on me dirige, qu’on m’impose.
Je suis un rebelle, un sauvage, un bon sauvage.
Je vis dans ma savane :
Tzigane
Gitane
Sarbacane
Profane
Mélomane
Mythomane
Banane
Bécane
Caravane
Soutane
Filigrane
Superman
Gentleman
Manhattan
Liane

Tic tac
Tic tac

Bonnet d’âne
Au temps qui fane.

Pour que les minutes durent des jours
Je goûte les instants
J’étire les mots
J’élastique les idées
Je savoure les mauvais coups
Déguste les amours.

Je vous le dis tout net,
Il n’en fait qu’à sa tête
Nous chipe nos moments,
Le temps est un brigand.

Par dessus les collines, il fait du vent…

Cadeau.

Il me restait deux aubergines, une courgette.
J’ai fait rissoler deux oignons ciselés, dans de l’huile d’olive.
J’ai ajouté les aubergines pelées et coupées en petits dés.
La courgette en petits cubes.
Le tout a continué à cuire à couvert.
J’ai ajouté une boite de pulpe de tomates.
Laissé cuire à découvert jusqu’à plus d’eau de végétation.
C’est important que l’ensemble s’assèche.
Dans un petit plat qui va au four, une couche de pecorino, une couche de préparation (sorte de ratatouille incomplète)
Une couche de pecorino, couche de ratatou.. et re-pecorino.
Au four, une dizaine de minutes entre 180 et 200°C, je jongle…
Evidemment vous assaisonnez à votre goût, j’ai ajouté de la poudre de coriandre, le cumin ça marche aussi et tout ce qui vous fait plaisir.

4 Comments

  1. Le temps brigand mais Simonu aussi est un brigand avec ses ciels de rêve, son inventaire à la Prévert et le bon gratin qui met l’eau à la bouche dès le saut du lit 🙂

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