Quand la crise impacte Dieu…

Ce matin, le fleuriste du coin, également travailleur inlassable au débroussaillement et autres travaux qui n’attirent que les courageux, se plaignait de la conjoncture. Son choix de vivre au village et de le faire vivre aussi, commence à montrer des signes de lassitude.

Pierre fait ses comptes. Bientôt la Toussaint, généralement période « faste » mais nécessaire à la survie, s’annonce morose : il va falloir jouer serré en passant des commandes au plus juste, aucun écart ne pourra être toléré. Le regard est triste, l’espoir est timoré, incertain.

Lao Tseu, contemporain de Confucius, au beau milieu du Ve siècle avant Jésus Christ s’invite pour nous rappeler : « Quand les gros maigrissent, les maigres meurent ». Pierre a senti le vent venir et cet adage lui siffle directement aux oreilles. La fibre dont il a hérité de ses grands-parents Anton’Pariu et Pierrette dont j’ai retracé la vie dans « A Tipa », finira-t-elle par lâcher ? On le sent inquiet mais décidé à se battre. Pourra-t-il encore, longtemps, résister ou devra-t-il se résoudre à voir, sous d’autres cieux, si la vie est plus clémente ?

Les sanctuaires à la gloire de Dieu ne sont pas épargnés, non plus. La grotte de Lourdes sent venir le vent frisquet et Bernadette Soubirous se prépare à voir moins de monde. La crise qui frappe l’Italie et l’Espagne n’autorise plus les pèlerins à s’expatrier pour brûler leurs cierges sans modération. Les vendeurs de saintes plastifiées remplies d’eau bénite, ou de boules qui s’enneigent sur commande rotative font grise mine avec leurs chapelles marchandes pleines à craquer. Quelle déception de constater que Dieu ne fait plus recette. On imagine aisément que tous ceux qui rêvaient d’un miracle devront patienter en attendant des jours meilleurs.

L’homme a pris l’habitude de parler au nom de Dieu, de le défendre et le protéger comme s’il était vulnérable, alors qu’on le dit tout puissant. Et lui reste indifférent, absent, inactif,  n’occupant que les esprits qui ont besoin de soutien.

Par ces temps de crise, à quelque chose malheur sera bon. Obligation sera faite à chacun de rebondir, d’imaginer, d’inventer, de créer, d’agir et de retomber sur ses pattes.

La crise a impacté Dieu de plein fouet pour le renforcer dans l’esprit des croyants. Sa présence sera plus forte dans les chaumières, on le célèbrera sur place, encore plus fort, à la lueur d’un luminion à défaut de cierge. Quand les gros maigrissent, Dieu se fait tout petit et partage son existence au coin des cheminées.

Cher ami, tu es Pierre et sur cette pierre, je sais que tu bâtiras ton avenir. Comme tes grands-parents, tu as le sens du labeur et cette richesse te sauvera.

Ce texte avec la bénédiction de Pierre à défaut de celle de Dieu.

 

Sans d’orchidée, il te faudra trouver des idées en or…

 

 

 

2 Comments

  1. A deux pas de mon immeuble nous avions plaisir à nous rencontrer et bavarder de l’air du temps chez notre marchand de journaux. Cet homme, riche de culture et d’humour, curieux avec discrétion, contribuait largement au plaisir de vivre dans ce quartier d’anonymes. Je lui achetais papier, crayons, journal, livres, bonbons et petits jouets pour le petit et il me donnait en cadeau … sa conversation gaie mais lucide et assez désespérée quant à son activité. Il a fait partie des quelques 600 marchands de journaux qui ont fermé l’an passé. J’avais tant confiance en lui que j’avais recommandé à mon jeune fils de s’abriter chez lui s’il advenait qu’au retour de l’école il trouve la porte de la maison fermée et vide.
    Voilà un pan d’humanité chaleureuse et bienveillante que j’avais failli oublier si vous ne nous aviez entreetenu de celui qui porte l’Orchidée.
    Sur cette pierre j’avais bâti une part de mon plaisir de vivre avec d’autres et de ma confiance dans leur solidarité.
    Assurez votre Pierre à l’occasion du plaisir que j’aurais à savoir que lui et ceux qui lui ressemblent tiennent bon jusqu’au retour inéluctable d’une économie plus faite de proximité.

  2. Quelles belles écritures . Il y a des personnes qui savent écrire les justes mots pour décrire des petits bonheurs. Nostalgie, j’aime ça . Continuez !

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